Nous évoquâmes ce jour, tant en français qu’en histoire, auprès des 6èIII, le terme de querelle. Pour ma part je fis mention de querelles byzantines. Le terme de ratiocination est un heureux synonyme: ratiociner ce serait un peu couper les cheveux en quatre ou bien discuter du sexe des anges, à moins que vous ne préferiez le terme d’ergoter.
Ratiociner est donc excessif, cela ne serait d’aucun intérêt dans une copie de brevet. En revanche, il serait bienvenu, dans quelques jours, de prouver à vos correcteurs, que vous êtes en mesure de réfléchir, que vous savez penser, argumenter, peser le pour et le contre, sans tomber dans des argumentations stériles ou tarabiscotées.
De même, dans la vie, il est nécessaire de réfléchir, y compris en amour, mais superflu de s’interroger jusqu’au scrupule et de ratiociner. Cela reviendrait à éteindre tout élan de vie. Or, vivre, c’est aussi être dans l’instant, un peu imprévu, afin d’être porté par l’événement que l’on ne peut contrôler. Fi donc de la ratiocination et des ratiocinateurs et carpe diem, mais raisonnablement!
Ce fut une journée de répétition éprouvante pour tous : élèves comme professeurs ! M. Mastorgio et moi-même avons dû user de patience et d’énergie… Mais au moins n’avions-nous pas (trop) le trac !
Les élèves, eux, l’avaient ! Mais chacun sait que le trac est sain : sans cette petite contraction de l’intestin avant l’entrée en scène, sans cette drôle de voix chevrotante, sans ce tremblement des mains, il n’est pas de conscience que plus de cent yeux vous regardent, vous observent ! Et c’est ce sentiment d’être observé qui permet aux comédiens de puiser la force de dire, de jouer, de se montrer meilleur qu’en répétition : en clair de “se déchirer” !
Mais, au théâtre, ce n’est pas vous que les cent yeux regardent, c’est votre personnage : c’était Médé, Thésée, Jason, ou Ariane. Héracklès ou Mégara… L’oracle ou les trois brigands…
Hier soir, si Ariane a perdu le fil, aucun des petits comédiens en herbe n’a manqué d’à propos, et ils ont joué comme des vrais : le texte était su, dit avec le coeur, et ils nous ont offert un beau moment de bonheur pédagogique, vous savez, ce bonheur de prof : quand les élèves donnent le meilleur d’eux-mêmes dans un projet…
Merci à eux, et merci aux spectateurs qui ont bien voulu les applaudir et encourgaer de jeunes vocations !
L’an prochain, on monte L’Illiade : l’histoire de la Guerre de Troie… Encore des morts sur scène (du boulot pour le rôle d’Hadès !), mais c’est ça, la tragédie ! Qui en sera ?