Hier soir, en l’église saint Jean-Baptiste, la Laytmer school de Londres donnait un concert. Cet orchestre et choeur de chambre, héritier d’une tradition née en 1624, titulaire de très nombreux prix européens, honorait notre cité au cours de sa tournée annuelle estivale. Quel plaisir de voir des individus des deux sexes, issus de tous les peuples de l’empire réunis sous le même uniforme, la même direction et permettant par leur communion à une identique passion musicale qu’une symphonie s’élève sous ces voutes gothiques, grâce à un art qui sait bien que seule l’union des noires et des blanches permet la naissance du beau et de l’harmonieux.
Les pièces vocales, musicales, ou mixtes abordaient tous les siècles et tous les genres. Nous avons même eu droit à une chanson de Lennon et Mac Cartney ou bien encore à un chant zoulou au cours duquel se trouvaient mêlés des cris d’animaux. Sur le coup je fus surpris, mais, à tout bien y réfléchir, les valses du bal de l’empereur, à Vienne, usent parfois aussi de cet artifice et je dois dire que ce chant zoulou se trouvait fort agréable. Ma seule déception serait liée aux pièces les plus classiques du répertoire, la suite n° 3 de Bach ou la 15ème danse hongroise de Brahms. L’exécution des oeuvres était parfaite, rien à y redire, si ce n’est que tout cela me sembla très académique très léché, très poli, manquant de vivacité, de feu, de passion.
Ce fut malgré tout un très agréable moment et cet échange culturel entre les deux côtés de la Manche est encourageant, nous parviendrons peut-être un jour à oublier la guerre de Cent ans, Jeanne d’Arc, Trafalgar, les chapeaux d’Elisabeth II et la “gelee”.