Il n s’agit pas pour moi de faire ici l’apologie du collège de Saint Gervais les Trois Clochers (dont tout le monde sait qu’il n’en a en fait qu’un, les 2 autres étant ceux d’Avrigny et Saint martin de Quinlieu, aujourd’hui disparus, bref) qui porte ce nom, mais de présenter ledit Maurice Bedel, en ce vendredi jour de citation littéraire.
Parti de bon matin à bicyclette (tiens, ça me dit quelque chose…) je me suis rendu en la proche localité de Thuré qui, décidemment, recèle bien des richesses. On nous y a présenté, rapidement, et en présence d’un journaliste de la NR (tiens, ils existent, ils se déplacent?) la vie et l’oeuvre de Maurice Bedel (1883-1954), enfant adoptif du pays. Ce parisien, issu d’un milieu bourgeois et cultivé entreprit des études à la fois littéraires et scientifiques, ce fut un touche à tout culturel, mais c’est bien une thèse de médecine en psychiatrie qu’il soutint en 1911. Dès 1910 il avait entrepris la rédaction de son journal intime qui, étudié, nous permet de mieux comprendre cet homme.
Les hasards de l’existence lui firent épouser une demoiselle de Thuré, demoiselle de bonne famille, ce qui leur permit de tenir salon tant à Paris qu’en leur propriété poitevine, liant des contacts avec les hôtes de la Plante par exemple (vous notez la pertinence des liens, d’un article à l’autre!). Lors de la première guerre mondiale, engagé dans les chasseurs alpins, il eut des contacts avec des Norvégiens engagés volontaires, par la suite, le gouvernement de ce pays lui demanda de faire des achats d’oeuvres de grands peintres français, lesquelles ornent donc les murs du musée d’Oslo actuellement, fichtre, l’influence du Poitou ne se dément pas.
Suspecté d’un certain antisémitisme et d’une relative xénophobie, fasciné, comme beaucoup à cette époque, par le fascisme et le nazisme qu’il désirait comprendre, il changea du tout au tout en découvrant à Châtllerault un homme portant l’étoile jaune. Ce changement donna lieu à la production de textes qui furent détruits en 1940 par les Allemands dans sa résidence parisienne. Ils semblaient peu apprécier le revirement de ce germanophile qui, en 1937 s’était rendu en Italie et en Allemagne afin de voir vraiment ce qui se déroulait dans ces deux pays.
Ce prix Goncourt de 1927 est peu connu actuellement. Pour les Poitevins il l’est surtout en raison de sa Géographie de mille hectares puis de son Histoire de mille hectares (disponibles au fond ancien de la bibliothèque de Châtellerault, au château). Dans ces deux ouvrages, en un style poétique, très XIXème, parfois pompeux, il décrit les paysages et la vie des habitants des environs. Il est vrai que, pour qui aime ce coin de France, il est très plaisant à lire, bien que marqué culturellement et historiquement. Mort lors d’un retour d’un voyage en Orient il est enterré au cimetierre de Montparnasse, à Paris.
Cet auteur mériterait à coup sûr une redécouverte. Je ne sais si son oeuvre qui eut un temps son heure de gloire est susceptible de traverser les siècles et de bien vieillir, mais, pour les deux ouvrages cités, elle a le grand avantage de ressusciter, aux yeux de ceux qui aiment les environs, en une langue qui reste agréable, une époque qui l’était tout autant et est désormais, c’est à craindre, irrémédiablement perdue.