Juil
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Classé dans (Le jeudi, c'est cinéma !) par la Vieille Garde le 23-07-2012

Ce film avait tout pour me plaire et pour cadrer avec mes remarques sur Madame Bovary ou l’amour et l’amitié. Mes espérances furent quelque peu déçues. Pourtant, il y a des efforts, la manière de filmer, l’ambiance construite, une certaine ressemblance, dans certaines manières,  avec Juliane Moore, que j’adore, pour le rôle principal féminin, mais…

Dès le début on perçoit quelque chose qui ne va pas, on se situe dans un film que je qualifie de “presque”. Il est presque bon en raison des efforts, les acteurs jouent presque juste mais il y a encore trop de sensibilité, je n’ai pas dit d’émotion, dans leur retenue, les décors sont presque adaptés etc.

Pourtant, oui, pourtant…le Royaume Uni des années 50, une passion amoureuse, une femme tiraillée entre devoir et amour, son amant pas à la hauteur, son mari toujours aimant, digne, rigide, que d’éléments merveilleux pour construire un drame cornélien à souhait. Mais l’ambiance n’était pas assez victorienne et l’amant qui larmoie ce fut le bouquet! Ce sot quitte celle qu’il a séduite et conduite à la ruine et s’apitoie  encore sur son sort, cela me révulse, même dans l’immoralité il faut savoir préserver sa dignité!

Je note cependant deux répliques savoureuses qui conduisent à la réflexion, au type de réflexion que j’eus souhaité voir développé ici: “modérez votre passion, substituez lui un enthousiasme mesuré” (le pire c’est que cela me fit penser à une réplique du professeur Mac Gonagal dans  HP ), “ne voulez vous pas rester et continuer?”, question posée par le mari à son épouse qui dit vouloir partir et à laquelle il refusera le divorce.

Oui, la passion fait des ravages et c’est pour cela que l’héroïne la préfère à sa routine de bourgeoise, oui la mesure est une vertu y compris, ou surtout en amour, où, comme le dit un des personnage, “aimer c’est rester avec son mari et lui changer ses draps lorsqu’il se salit sous lui”, et puis, “rester et continuer”, c’est ce qui fut la ligne de conduite dans le monde occidental durant des siècles alors que le divorce n’existait pas et que les convenances sociales et les rites religieux imposaient cela. Je sais qu’une telle attitude est largement critiquable, peut être même à juste titre, mais, pour moi, dans ce “rester et continuer”, il y a un, il y a des appels à la fidélité, or la fidélité, aux êtres, à la parole donnée, aux idéaux, est quelque chose de capital, pour moi. Une fois un serment fait, une parole donnée, rien ne peut faire revenir en arrière. Tout cela est prodigieusement naïf je le sais, mais je tiens à mes illusions.

Et, finalement, alors que j’écris ces lignes, impulsivement, compulsivement, je suis amené à considérer autrement ce film et à me dire qu’il a peut être parfaitement bien rempli sa mission en montrant à quel point on souffre de cette fidélité, lorsqu’on veut la préserver, lorsqu’on la brise, et que ceux qui pleurent souffrent autant que ceux qui font pleurer ou que ceux qui restent de marbre. Ce film est peut être finalement parfait car son aspect parfois inachevé signifie l’incomplétude qui ne peut qu’exister entre les êtres tant les attentes que nous pouvons avoir les uns pour les autres sont complexes. Ce film est peut être finalement abouti car il évoque bien des facettes du sentiment amoureux et de l’arrachement qu’il ne peut manquer de susciter.

Ainsi, ma subjectivité n’aura apporté assurément aucune certitude au lecteur, excepté celle qu’il lui faut aller voir le films pour se faire son opinion.