Lisez l’extrait de l’éditorial de Nicolas Demorand, directeur du quotidien Libération : c’est un portrait de Stéphane Hessel, décédé en début de semaine.
“J’aimais Stéphane Hessel parce qu’il considérait que le trait d’union de toutes ses vies était l’amour. L’amour qu’il reçut de sa mère, à la vie, au destin cinématographique. L’amour de la vie et du combat, de la résistance quand tout semble perdu, de la puissance qui réside dans chaque individu, du partage cosmopolite des beautés du monde. L’amour, passion solaire contre toutes les passions tristes, qui permet de persévérer dans l’être et d’avancer, de s’augmenter, de vivre et de voir plus largement. Hessel, ces derniers mois, en parlait simplement. Comme s’il fallait se concentrer sur l’essentiel. Etrange magie suscitée par ces propos quand, prononcés en public, ils esquissaient un chemin de vie cohérent où passion personnelle et civique, sphère publique et intime, souci de soi et des autres, semblaient s’articuler simplement. J’aimais Stéphane Hessel parce qu’il incarnait l’idée de la vie bonne, théorique sous la plume des philosophes, éblouissante pour ceux qui l’ont rencontré ou vu intervenir un peu partout en France et dans le monde. Une vie belle, une vie longue, une vie poétique, en compagnie de son cher Apollinaire qu’il citait sans cesse : «J’ai cueilli ce brin de bruyère / L’automne est morte souviens-t’en / Nous ne nous verrons plus sur terre / Odeur du temps brin de bruyère / Et souviens-toi que je t’attends.»
N. Demorand.
Nous parlions récemment (récemment ? Voici une éternité : c’était avant les vacances !) de l’homme debout, de l’homme digne, de l’homme qui ne ploie pas. Stéphane Hessel était un de ceux-là.
Nous pourrions lancer un défi à notre cher Mastorgio : en guise de mot du vendredi, nous parler d’un homme ou d’une femme qui, d’une manière ou d’une autre, s’engagea et participa, à sa façon, au renouveau de la société… Notre ami et néanmoins collègue verra là une opportunité de se plier à son exercice favori : la nécrologie…