Mar
05
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Agnès Dibot le 05-03-2013

http://www.liberation.fr/monde/2013/03/04/2-minutes-pour-la-syrie-le-stop-de-francois-cluzet_886119

Pendant ce temps, en Syrie, le printemps s’éternise : il est de chair et de sang.

Mar
04
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Agnès Dibot le 04-03-2013

Une nouvelle vidéo, très différente de la première diffusée sur ce Torchon : on ne touche plus le pathos en exposant le petit corps sans vie d’un enfant, victime innocente des combats. Mais si les images sont différentes, le thème est le même : ce sont les enfants syriens qui meurent.

http://www.liberation.fr/monde/2013/03/03/2-minutes-pour-la-syrie-le-stop-de-julie-bertuccelli_885911

Les images des jouets abandonnés, jonchant un sol de gravas, m’évoque ce poème, La poupée d’Auschwitz :

Sur un tas de cendre humaine une poupée est assise

C’est l’unique reliquat, l’unique trace de vie

Toute seule elle est assise, orpheline de son enfant

Qui l’aima de toute son âme. Elle est assise

Comme autrefois elle l’était parmi ses jouets

Auprès du litde l’enfant sur une petite table.

Elle reste assise ainsi, sa crinoline défaite,

Avec ses grands yeux tous bleus et ses tresses toutes blondes

Avec des yeux comme en ont toutes les poupées du monde

Qui du haut du tas de cendre ont un regard étonné

Et regardent comme font toutes les poupées du monde

 

Pourtant tout est différent, leur étonnement différe

De celui qu’ont dans les yeux toutes les poupées du monde

Un étrange étonnement qui n’appartient qu’à eux seuls.

Car les yeux de la poupée sont l’unique paire d’yeux

Qui de tant et tant d’yeux subsite encore en ce lieu,

Le seuls qui aient resurgi de ce tas de cendre humaine,

Seuls sont demeurés des yeux les yeux de cette poupée

Qui nous contemple à présent, vue éteinte sous la cendre,

Et jusqu’à ce qu’il nous soit terriblement difficile

De la regarder dans les yeux

 

Dans ses mains, il y a peu, l’enfant tenait la poupée,

Dans ses bras, il y a peu, la mère portait l’enfant,

La mère tenait l’enfant comme l’enfant sa poupée,

Et se tenant tous les trois c’est à trois qu’ils succombèrent

Dans une chambre de mort, dans son enfer étouffant.

La mère, l’enfant, la poupée,

La poupée, l’enfant, la mère.

Parce qu’elle était poupée, la poupée eut de la chance.

Quel bonheur d’être poupée et de n’être pas enfant !

Comme elle y était entrée elle est sortie de la chambre,

Mais l’enfant n’était plus là pour la serrer contre lui,

Comme pour serrer l’enfant il n’y avait plus de mère.

alors elle est restée là, juchée sur un tas de cendre,

Et l’on dirait qu’alentour elle scrute et qu’elle cherche

Les mains, les petites mains qui voici peu la tenaient.

De la chambre de la mort la poupée est ressortie

Entière avec sa forme et avec son ossature,

Ressortie avec sa robe et avec ses tresses blondes.

Et avec ses grands yeux bleus qui tout pleins d’étonnement

Nous regardent dans les yeux, nous regardent, nous regardent.

 

MOSHE SCHULSTEIN

Poème écrit à Auschwitz

Mar
03
Classé dans (Le vendredi, c'est journalisme !) par Agnès Dibot le 03-03-2013

Une façon de revoir l’actualité qui a fait la semaine : http://www.liberation.fr/medias/2013/03/01/legislatives-italiennes-hessel-bowie-l-actu-de-la-semaine-en-scrapbooking_885642

Le quotidien Libération publie des vidéos filmées par des citoyens syriens : deux minutes de tragédie. Dans celle-ci, une mère pleure son fils tué.

Attention, âmes sensibles s’abstenir : ces images sont douloureuses http://www.liberation.fr/monde/2013/03/02/2-minutes-pour-la-syrie-le-stop-de-jean-claude-casadesus_885854

Mar
02

Chers zélèves,

Lisez l’extrait de l’éditorial de Nicolas Demorand, directeur du quotidien Libération : c’est un portrait de Stéphane Hessel, décédé en début de semaine.

“J’aimais Stéphane Hessel parce qu’il considérait que le trait d’union de toutes ses vies était l’amour. L’amour qu’il reçut de sa mère, à la vie, au destin cinématographique. L’amour de la vie et du combat, de la résistance quand tout semble perdu, de la puissance qui réside dans chaque individu, du partage cosmopolite des beautés du monde. L’amour, passion solaire contre toutes les passions tristes, qui permet de persévérer dans l’être et d’avancer, de s’augmenter, de vivre et de voir plus largement. Hessel, ces derniers mois, en parlait simplement. Comme s’il fallait se concentrer sur l’essentiel. Etrange magie suscitée par ces propos quand, prononcés en public, ils esquissaient un chemin de vie cohérent où passion personnelle et civique, sphère publique et intime, souci de soi et des autres, semblaient s’articuler simplement. J’aimais Stéphane Hessel parce qu’il incarnait l’idée de la vie bonne, théorique sous la plume des philosophes, éblouissante pour ceux qui l’ont rencontré ou vu intervenir un peu partout en France et dans le monde. Une vie belle, une vie longue, une vie poétique, en compagnie de son cher Apollinaire qu’il citait sans cesse : «J’ai cueilli ce brin de bruyère / L’automne est morte souviens-t’en / Nous ne nous verrons plus sur terre / Odeur du temps brin de bruyère / Et souviens-toi que je t’attends.»

N. Demorand.

 Nous parlions récemment (récemment ? Voici une éternité : c’était avant les vacances !) de l’homme debout, de l’homme digne, de l’homme qui ne ploie pas. Stéphane Hessel était un de ceux-là.

Nous pourrions lancer un défi à notre cher Mastorgio : en guise de mot du vendredi, nous parler d’un homme ou d’une femme qui, d’une manière ou d’une autre, s’engagea et participa, à sa façon, au renouveau de la société… Notre ami et néanmoins collègue verra là une opportunité de se plier à son exercice favori : la nécrologie…

Mar
01
Classé dans (La citation des vacances) par la Vieille Garde le 01-03-2013

Il me semble avoir atteint une des limites de la technique de classement de notre Torchon, à moins que ce ne soit tout simplement une limite de ma mémoire, oserais-je espérer que la vérité soit en la conjonction des deux?

Ayant mes petites manies, les personnes âgées sont ainsi faites, ayant mes thèmes de prédilection, les profs sont ainsi faits, il m’arrive, assez régulièrement, de plus en plus d’ailleurs, de radoter. Notez, je suis assez honnête, ou stupide, pour le dire, puisque je demeure persuadé d’être bien le seul à me rendre compte de mes risque de répétition. C’est alors que la conscience ne n’être pas véritablement lu s’impose. Fort heureusement, mon métier me permet aussi d’être confronté au quotidien à la difficile certitude de n’être pas écouté, de ce fait, je trouve assez naturel de continuer quoi qu’il advienne. Bref, la citation du jour est peut être une redite, car en latin, extraite d’un film que j’adoooooore, un peu moralisatrice et de saison!

ad augusta per angusta: vers la réussite par des chemins étroits. C’est ce que son père dit à Hubert dans j’ai tué ma mère, alors qu’il l’envoie en pension, lui signifiant ainsi qu’on ne peut espérer réussir ou triompher sans difficultés, ce qui vaut d’ailleurs mieux puisque, comme aurait dit le comte (un autre) dans le Cid : ” à vaincre sans péril on triomphe sans gloire”.

Ainsi, chers zélèves, alors que le spectre d’une reprise prochaine se profile sous un ciel gris bas et lourd et que votre âme, plus que jamais, vous semble alors être de ces cloches fêlées chères à Baudelaire, ayez à coeur de vous souvenir que tout cela est pour votre bien, que l’élévation de votre esprit est à ce prix, que nous aussi aimerions rester un peu en vacances, encore un peu de temps monsieur le bourreau (non, je ne parle pas du ministre qui raccourcit les vacances) mais que nous non plus n’avons pas le choix.Et puis, le collège, les cours, cela a aussi de bons côtés, les jeux de mots de vos profs, l’étude de leurs tenues, de leurs manies, les potins à échanger, votre sociabilité à reprendre.

En somme, on serait presque heureux d’aller en cours, presque. Ce que vous ignorez encore, c’est que, dans 10 ans, vous regretterez ces années comme faisant partie des plus belles de votre vie, alors, profitez-en dès à présent, apprenez à les vivre autrement et dites vous que vous avez bien de la chance de pouvoir étudier.