France, vers 1860, négatif sur plaque de collodium, 11×10,5 cm (Alfred Le Petit)
Les populations roms devaient déjà énerver des éléments de la société française, au XIXème siècle. Voilà ce qu’écrivait, le 12 juin 1867, Gustave Flaubert, à son amie George Sand :
‘Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme.
Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton.”
Cet extrait de lettre de Flaubert à George Sand illustre une exposition de photos retraçant l’histoire de la présence des populations tziganes, roms, bohémiennes, romanichelles, sur le territoire français : les photos datent du 19ème siècle.
La galerie « Lumière des Roses » à Montreuil (Seine-Saint-Denis) est spécialiste de la photographie anonyme et d’amateurs. Du 12 au 25 octobre, elle présente ses trouvailles sur les « Roms ». La plupart issues du XIXe siècle et produites par les photographes ambulants, elles témoignent de l’existence sur nos routes de Roms ou Gitans, Tsiganes, Romanichels, Bohémiens… (Rue89)