En cette vesprée ensoleillée et chaude, je risquai mes béquilles et ma personne en dehors de mon lieu de claustration. Cela fait 3 mois que je suis allongé jour pour jour, les progrès tardent un peu à mon goût mais soit.
Parvenu au seuil de la porte, que je ne dépassai guère, mes narines privées de l’air libre depuis 3 mois, se sentirent assaillies de tous côtés par maintes effluves, agréables ou pas. Ce fut un maelstrom olfactif. Diverses fleurs, mais aussi les odeurs urbaines moins agréables, bref, un univers oublié rejaillissait.
Hier j’évoquais le croquet comme étant une de mes madeleines, la plupart de nos lecteurs et les zélèves sont certes très jeunes mais je pense qu’ils peuvent déjà avoir de ces souvenirs de jeux que l’on pratiquait enfant et qui nous font plonger avec délices dans l’univers étrange des souvenirs. Je désire faire porter ce soir le débat, la réflexion, sur les odeurs.
As-tu, ô lecteur, des souvenirs olfactifs qui te font tomber en transe?
Il me faut reconnaitre en avoir beaucoup, mais, je pense que, là aussi, la quantité de souvenirs est directement liée à l’âge de l’auteur. Age qui me permet de m’autoriser à vous gratifier de quelques exemples, en ce fort bref article, afin de lancer le mouvement et avant que vous ne complétiez les choses par vos propres remarques.
Ainsi, les odeurs de seringat, de muguet, de buis me renvoient sur les lieux de mon enfance, tout comme les feuilles mortes brûlées en automne, les sous-bois en cette même saison. Les tableaux et la craie avec le bois sec me renvoient dans mes salles de cours de collège, l’humidité et la fraicheur des églises en été à des voyages scolaires en Espagne ou Italie etc.
Je ne cesse de m’émerveiller devant les capacités de notre cerveau. Tant de choses nous semblent oubliées et, soudain, il suffit que quelques molécules parviennent à nos narines pour que, plus sûrement que par n’importe quel procédé de téléportation, nous nous retrouvions propulsés dans le temps et l’espace en des lieux et périodes dont nous n’avions plus aucun souvenir conscient. Et vous, ô lecteurs, quelles odeurs vous font voyager et retrouver une âme d’enfant?