Chers zélèves (et pour cette fois, je mettrai le mot au masculin, tant qu’il l’emporte encore sur le féminin)
Souvenez-vous d’un propos tenu en cours sur le pathétique, vous vous souvenez, à propos de cette phrase du narrateur du roman A l’ouest, rien de nouveau : “Ces éducateurs-là ont presque toujours leur pathétique prêt dans la poche de leur gilet”.
Nous avions expliqué le sens de cette image : le pathétique étant l’art de susciter l’émotion. j’avais évoqué le pathos, dont le pathétique est le produit : l’art de toucher profondément la sensibilité d’autrui. Pour exemple, je vous avais parlé de ces hommes politiques qui, pour répondre à l’émotion suscitée par un fait divers hautement médiatisé, proposent de nouvelles lois destinées à durcir la loi en vigueur afin que les citoyens se sentent mieux protégés, plus en sécurité, et que chacun pense encore que… cela n’arrive qu’aux autres…
Eh bien, dès vendredi soir, l’exemple du traitement médiatique de la mort -cruelle et injuste- de la jeune collégienne prénommée Agnès venait illustrer mon propos de façon frappante. En l’espace d’un week-end, le fait divers a été tant relayé par les media (ouverture du JT de 20 heures sur France 2 deux soirées consécutives !) que le gouvernement, appelé à s’expliquer auprès de l’opinion publique sur les responsabilités de l’établissement scolaire -qui a scolarisé sans le savoir un délinquant sexuel- et de la Justice -qui n’a pas informé le directeur de l’établissement scolaire des antécédents judiciaires du jeune élève- annonce un projet de loi sur la récidive de crimes sexuels.
Notez bien le titre dans Libération : “légiférer à chaud” : et souvenez-vous du pathos…
http://www.liberation.fr/societe/01012372851-l-evaluation-de-la-dangerosite-dans-un-projet-de-loi