Mai
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Classé dans (Le jeudi, c'est cinéma !) par la Vieille Garde le 14-05-2011

Toutes affaires cessantes, désireux de me divertir et d’oublier le livret de compétences, les subtilités de bonus de points pour le logiciel d’orientation et tout le reste, ou presque, je me suis rendu ce soir en une de mes salles favorites, afin de voir ce dernier Woody Allen, n’ayant pu me libérer plus tôt afin d’aller ouïr une retransmission de la Walkyrie de Wagner en direct de New York.

Je ne regrette rien, à l’instar de la grande Edith (d’ailleurs Cotillard est dans le casting). Woody Allen et moi partageons quelques névroses, on se targue de ce que l’on peut, et, ce soir encore, ce fut pour moi un ravissement de bien des manières. Ce minuit à Paris évoque le mythe de l’âge d’or, le déni du temps présent, l’illusion que tout ce qui fut avant était meilleur. Par un biais surréaliste, tel qu’on en retrouve dans plusieurs de ses films, des individus qui ne devraient pas se trouver là y sont, poussant les personnages principaux et contemporains du film à s’interroger sur leurs propres motivations et réflexions.

Le point de vue d’un américain sur Paris, et d’un autre, dans le film, à Paris, est enrichissant. Les bons mots qui fusent, sur l’illusion, les mensonges que l’on se crée, que l’on se dit, tout cela est merveilleux au sens premier, et la présence des peintres et écrivains surréalistes français, dans un des méandres chronologiques du film, pleinement justifiée. On passe, insensiblement du cabotinage et d’un petit délire spatio-temporel à une véritable interrogation sur le regard que nous portons sur notre présent, nos espérances, nos rêves.

Enfin, le plus beau demeure dans le fait que c’est alors que l’on attend le passé, connu, maîtrisé, rassurant, comme salvateur, il s’avère que c’est le présent et son côté inattendu, instable et anxiogène, qui assure le plein épanouissement du héros, incitant de ce fait à laisser tomber toutes nos craintes et angoisses. Un film surprenant donc, captivant, drôle et réflexif à la fois, qui nous pousse à sortir de nos certitudes et nous conduit à porter un regard différent sur le passé, le présent, l’avenir.

à voir, et à revoir.