Mai
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Classé dans (Le jeudi, c'est cinéma !) par la Vieille Garde le 29-05-2011

La princesse de Clèves est, pour moi, un des sommets de la littérature française, issu de ce XVIIème siècle si fécond en noms et oeuvres illustres. Voir ce soir, en un documentaire à la confluence des influences d’ Entre les murs, La journée de la jupe, L’esquive, un groupe d’élèves d’un lycée ZEP des quartiers nord de Marseilles s’en emparer admirablement, fut une révélation.

Que n’avez vous vu, chers zélèves, que n’avez vous entendu, ces réflexions de jeunes qui vous ressemblent tant en leur quotidien et aspirations. Je ne puis ici donner que de brèves informations (tout roman m’est interdit) mais entendre un slam en langage soutenu sur musique baroque, j’ai adoré. Assister au débat entre deux jeunes noires sur ” je me sens française”, l’une allant jusqu’à parler de ses ancêtres Français du XVIIème siècle tant elle se sent intégrer à la culture française, réclamant des textes à la hauteur et non au rabais  de l’incapacité présumée des élèves de ZEP à les comprendre, fut enthousiasmant. La réponse de sa comparse, qui ne partage pas ce sentiment mais reconnaît à la culture française un poids certain, tout autant. Entendre cette mère de famille parler de la fête qu’elle veut organiser si elle voit son fils bachelier fut si émouvant. Et puis surtout, tout au long de la projection, ces élèves qui nous redisent ô combien ils parviennent à s’identifier aux héros de ce roman. Ils constatent à quel point cette langue est belle pour parvenir à exprimer ce qu’ils ressentent, il y a là des mots intemporels qui expriment leurs désirs, leurs maux, leur amour, leur trouble, leur passion, tout cela alors qu’ils sont comme vous, vivent comme vous, aiment ce et ceux que vous aimez.

Ce film réconcilie les générations et donne une manière d’approcher la notion d’identité nationale d’une extraordinaire façon. Que tous ceux qui pourront le voir se précipitent, en 1h15 tout est dit, et fort bien.