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Classé dans (Le torchon brûle) par Agnès Dibot le 19-11-2011

Réactions en conférence de rédaction à l’annonce de projet de loi visant à rétablir l’uniforme au collège et au lycée.

Porter un uniforme, ce serait être tous pareils, ne plus avoir son propre style. Ce serait être privé d’une part de notre liberté d’expression : on ne pourrait plus afficher notre personnalité. Sans parler des couleurs d’uniformes choisies par les établissements -et qui ne nous plairont probablement pas à tous-, porter toujours les mêmes vêtements, toute l’année (selon les saisons), c’est plutôt désespérant ! Voir tout le monde habillé de la même façon, quelle monotonie ! On ne se voit vraiment pas du tout avec un uniforme, même si la couleur et la coupe sont belles : cela sera exaspérant de voir quelqu’un habillé comme nous. On aime toutes être habillées différemment des autres ! Cette décision n’étant pas encore confirmée, ne nous affolons pas ! Nous avons encore le droit de porter ce qu’on veut. (Dans la limite du règlement intérieur du collège, qui interdit des tenues trop courtes, des décolletés trop prononcés, le maquillage trop voyant… NDLR)

Fanta.

 Du côté des élèves. « L’uniforme ? Trop casual ! »

« Je trouve cette idée frustrante : on exprime des choses en s’habillant, des choses que l’on ne peut pas exprimer avec un uniforme. » Océane P.

« Laissons à chacun son style et sa personnalité ». Wassila.

« Notre génération ne devrait pas connaître les uniformes ! C’est rétrograde ! Nous, nous changeons de vêtements tous les jours, nous lavons nos habits tous les jours ! Avec un uniforme, j’ai peur d’avoir à acheter trop de tenues de rechange ! » Marion.

« On sera ridicules, en uniformes ! » Aminata.

« Ca fait vieux, et c’est stupide : comme si on savait pas s’habiller nous-mêmes ! » Goundo.

« C’est moche, un uniforme ! Je ne veux pas en porter un, c’est trop casual ! » Fatoumata.

Du côté des professeurs… Des avis partagés.

« Je suis à 100% pour ! Et depuis toujours. Cela permettrait d’avoir une certaine égalité en supprimant les différences liées au vêtement. Ce serait la fin de la dictature des marques et un moyen de limiter le racket De plus, avoir un uniforme permet de sentir une appartenance à un groupe, cela renforce la cohésion et le désir de réussir ensemble. Cela permet aux personnes de nouer plus facilement des contacts. Pour les élèves comme pour les professeurs, on vient habillé correctement, dans un établissement scolaire. » L. Mastorgio, professeur d’histoire (et toujours habillé en costume-cravate, ceci expliquant peut-être cela !).

« Je suis à 100% contre ! L’uniforme, comme le dit Marion, ce n’est pas pour votre génération, la génération de mes parents s’en est débarrassé en mai 68, ce n’est pas pour rétrograder aujourd’hui ! L’uniforme n’a jamais permis de gommer les différences sociales : c’est un leurre. Un adolescent se construit grâce aux différences qu’il choisit d’afficher, s’il en éprouve le besoin. Le vêtement est un code, dans un groupe : l’acceptation ou le refus des codes est une part de liberté qu’on doit à nos jeunes, à mon sens.

Les différences sociales continueront de se voir : certains parents continueront à ne pas inscrire leurs enfants dans les établissements d’éducation prioritaire, (et revenons à la carte scolaire…), d’autres continueront à laisser leur enfant venir au collège avec un portable dernier cri. Et que dire des différences dans l’accès à la culture, au soutien scolaire, aux loisirs ? Que l’on change l’école sur ce plan, pas sur ce qui ne sera qu’une vitrine ! L’argument de Fanta sur la liberté d’expression de soi me touche. Eduquons nos élèves, nos enfants, en leur ouvrant l’esprit à la culture, à la connaissance du monde, pas en leur faisant croire qu’être tous habillés sur le même mode va faire d’eux des citoyens égaux… Enfin, offrons-leur une école plus juste, socialement plus juste. »  A. Dibot, professeur de français.

Nous attendons l’avis d’Imène, De Mégane, de Laura, d’Alyssia, d’Océane L, sur ce sujet !