Témoignage de Mme Goncalvès, professeur d’anglais sur le port de l’uniforme en Angleterre.

“Les uniformes à l’école … Voilà un sujet qui fait débat chez les plus jeunes comme chez les moins jeunes. De l’autre côté dela Manche, l’Angleterre a conservé cette tradition alors que la France a supprimé le port de l’uniforme depuis 1968.

Je me souviens très nettement de la première fois où je suis arrivée dans un collège anglais (j’étais alors assistante dans deux établissements près de Cambridge), quelle ne fut pas ma surprise de découvrir tous ces jeunes qui portaient tous les mêmes vêtements… Cela m’a donné une impression de discipline et de rigueur ; une véritable petite armée.  En effet, un élève qui ne porte pas son uniforme conformément au règlement de l’école peut être sanctionné. L’uniforme est un peu l’identité de l’école, et ne pas respecter l’uniforme, c’est ne pas respecter l’école.

Pour les garçons, l’uniforme typique se compose d’un pantalon bleu ou noir, d’un pull ou d’un gilet, d’une chemise blanche, d’une cravate et d’une veste pour l’hiver.

Pour les filles, il s’agit de la même tenue : une jupe (ou un pantalon parfois), un pull ou gilet, une chemise, une paire de chaussettes hautes et une veste pour l’hiver.

Chaque école a son propre code vestimentaire et la couleur de l’uniforme et le logo cousu dessus permettent de distinguer les différents établissements scolaires. (Comme dans Harry Potter, chaque école a sa couleur)

Il y a bien sûr certains avantages à porter l’uniforme. Tout d’abord, cela permet de « gommer » les différences sociales et tout le monde se retrouve sur un même pied d’égalité.  Les enfants des familles aisées portent  les mêmes vêtements que les enfants de familles modestes. Les marques ne font pas la différence et cela diminue donc les moqueries et les critiques sur les tenues des autres.

De cette manière, les parents n’ont pas besoin d’acheter des tenues coûteuses et variées pour leurs enfants et n’ont pas à céder aux marques. Plus de 80 % des parents d’élèves sont favorables à l’uniforme.

L’un des principaux arguments contre l’uniforme serait que cela restreint l’expression de l’identité personnelle. Les élèves ne peuvent s’exprimer au travers de leur style vestimentaire. Cependant, si l’on regarde les élèves dans la cour, (au moins une majorité d’élèves), beaucoup s’habillent de la même manière : le jeans reste le grand classique des armoires d’ado, suivi de près par les Converses, et le fameux T-shirt … donc finalement, n’est-ce pas aussi du conformisme que de suivre une mode ou les copains ? Le débat reste ouvert…

Au bout de quelques mois en Angleterre, j’ai constaté cependant que, dès que les élèves sortent de l’école ou après 16 ans, ils se « lâchent » complètement au niveau vestimentaire car ils n’ont pas pu porter ce qu’ils voulaient. Les jeunes portent alors des tenues très (très) extravagantes, voire indécentes et surtout des tenues que l’on remarque ! Ils se font de nombreux tatouages ou piercings pour se différencier. Attention cependant à ne pas généraliser et ne pas tomber dans les clichés … Tous ne sont pas comme çà.

Certains jours, les écoles organisent des journées pour récolter de l’argent pour des associations caritatives ( Red Nose Day … ) ; les élèves peuvent alors venir en tenue « civile » ou avec une coupe de cheveux originale mais doivent payer £ 1 (l’équivalent d’1 €) ; les élèves (et les professeurs !) sont en général ravis et arrivent tous au collège avec leurs vêtements préférés. J’ai trouvé cette idée intéressante et cela est très populaire en Angleterre.

 

Il est assez difficile de trancher “pour” ou “contre” l’uniforme, les différents arguments sont intéressants mais discutables. Je pense que la liberté d’expression s’exprime aussi par les vêtements et chacun se doit d’être tolérant vis-à-vis du style des autres. Un adolescent qui est capable d’avoir son propre style, en dehors de celui dicté par le groupe de copains, la classe, le collège … est un adolescent qui est capable d’exprimer sa personnalité et son identité. Tout en restant dans le décent, bien sûr 😉

D. Goncalvès